Qui sont les Français du Brésil ?

  • Les Français du Brésil, c’est votre collègue expat, ce gérant d’une petite pousada dans le Nord si sympa, ce boulanger au coin de la rue qui sait faire du vrai pain, c’est votre copine que vous voyez à la sortie du Lycée Français, c’est moi, étudiante-stagiaire, c’est vous…

Est considéré comme expatrié tout Français installé hors de France. Et une chose est certaine, le Français n’est pas une espèce en voie de disparition au Brésil, bien au contraire. Selon les chiffres des consulats de São Paulo (en charge de tous les résidents du sud du pays), de Rio de Janeiro (états de Rio de Janeiro, Minas Gerais et Espirito Santo) et de l’ambassade (enregistrant les inscrits de tout le nord du Brésil), il y a un peu plus de 20.000 Français expatriés au Brésil – 20.139 pour être précis. Et nous sommes très certainement plus nombreux, l’inscription sur les registres du consulat n’étant pas obligatoire (quoique fortement recommandée).
Sans surprise, c’est dans les deux plus grandes métropoles du pays, Rio de Janeiro et São Paulo que se concentrent nos compatriotes : ils sont un peu moins de 6.000 à Rio de Janeiro et environ 7.200 dans la capitale pauliste. Ces citadins sont :
– généralement jeunes : 1/4 des Français de la circonscription RJ-ES-MG sont mineurs,
– nombreux à avoir une double nationalité : dans la circonscription du sud du pays, 4.654 inscrits sont franco-brésiliens sur un total d’un peu plus de 9.000 personnes recensées.
C’est le nord du pays qui compte le plus de fonctionnaires – Ambassade oblige, mais aussi de retraités (pour la plupart Guyanais), ou encore de micro-entrepreneurs.

Pourquoi venir s’installer au Brésil ?
Tout le monde n’est pas prêt à faire ce grand saut dans l’inconnu qu’est l’expatriation. Et le Brésil, pays continental séparé de la France par un océan n’est pas forcément la destination la plus évidente pour tenter l’aventure ! Certaines personnes reviennent sur un terrain déjà connu, comme Célian, qui a passé son enfance à Rio de Janeiro, et qui a ouvert en 2009 sa pousada dans le Ceara. C’est également le cas de Yannick, qui avait effectué son VIE (volontariat international en entreprise) à Vitoria, dans l’Espirito Santo, et qui est aujourd’hui expatrié à São Paulo. Pour d’autres, le Brésil est une découverte (où une de plus quand on est un “routard” de l’expatriation).

Les expatriés partagent en général un point commun, la curiosité : celle  de connaître un autre pays que le sien,  de vivre d’une façon différente par rapport à la France : “Mon mari et moi nous expatrions dans le but de pénétrer une culture” raconte Béatrice, installée à São Paulo depuis 2 ans. Il y a aussi les étudiants, de plus en plus nombreux à venir étudier au Brésil, afin d’apprendre le portugais et de connaître la 6ème puissance mondiale.

Un pays accueillant
Il n’est jamais facile d’arriver dans un pays qu’on ne connaît pas et dont on ne maîtrise pas forcément la langue. Pourtant les Français interrogés sont unanimes : les Brésiliens sont des gens sympathiques et avenants, même dans les villes tentaculaires que sont São Paulo et Rio de Janeiro. Yannick note le sourire des Paulistes, moins systématique à Paris. “Ce sont des gens qui sont faciles à aborder” précise Aurélie, femme d’expatrié. Béatrice renchérit : “Les Brésiliens sont patients, et ont envie de discuter avec vous et de vous écouter même quand vous ne parlez pas bien le portugais. Les Français sont également sensibles à l’affection réelle que portent les Brésiliens aux enfants“. Même s’il semble, comme partout, compliqué de se faire de très bons amis, la cordialité des Brésiliens reste un des atouts majeurs du Brésil.

S’expatrier pour travailler 
Le travail est souvent l’une des raisons qui explique l’expatriation des français au Brésil. Il y a les fameux expats bien sûr, envoyés par la maison mère de leur entreprise dans une unité brésilienne, mais aussi ceux sous contrat local avec une entreprise brésilienne, ou encore ceux venus tenter l’aventure comme auto-entrepreneur. Les expériences ne sont évidemment pas les mêmes. Monter son entreprise au Brésil n’est pas chose aisée, ni évidente : “Beaucoup d’auto-entrepreneurs échouent” avoue François Cessieux. Le président de l’Union des Français de l’Etranger, est familier de ces questions, lui qui est arrivé pour la première fois au Brésil en 1980 et qui a récemment créé une activité de conseils pour justement aider les entreprises souhaitant s’installer au Brésil. Il dénonce un système juridique “compliqué“. Célian confirme que pour monter sa pousada, il a fallu “beaucoup de paperasse“. L’établissement qui emploie aujourd’hui 35 employés est cependant la preuve que le succès peut encore être au rendez-vous.

L’ambiance de travail n’est pas la même au Brésil qu’en France, culture oblige. L’expérience n’en est pas moins positive pour les professionnels que nous avons rencontrés. François Cessieux nous confie qu’il aime beaucoup travailler avec les Brésiliens car ils sont “toujours positifs, efficaces et contents de progresser“. Yannick, expatrié en banque assure qu’à son niveau, ses collaborateurs brésiliens, formés dans les meilleures écoles brésiliennes, sont pragmatiques et efficaces. Mais tous sont d’accord sur un point. Pour que l’expérience professionnelle soit réussie au Brésil, il faut beaucoup (beaucoup) travailler.

Vivre au Brésil au quotidien
Le pays offre une qualité de vie appréciée avec entre autres, un climat agréable, et de nombreuses possibilités d’évasions et de voyages. São Paulo, mégalopole cosmopolite, plaît pour ses nombreux restaurants et ses animations culturelles variées.

Les Français que nous avons rencontrés se plaisent donc largement au Brésil. Ils sont toutefois conscients des réalités du pays : la vie est très chère, notamment à São Paulo, ville la plus chère des Amériques, ou encore à Rio de Janeiro où les loyers sont de plus en plus élevés.

Autre point noir, la sécurité. Le Brésil reste un pays où il y a de l’insécurité, même si le tableau est peut-être un peu noirci depuis l’Europe : “Il est tout à fait possible de se balader à pied dans certains quartiers de São Paulo” affirme Béatrice. “Il faut tout juste faire toujours un peu attention et ne pas se déplacer à pied de nuit” explique Aurélie.

Et la France dans tout ça ?
Ce n’est pas parce qu’ils ont choisi de quitter la France pour aller au Brésil qu’ils ne gardent pas un image positive de leur pays d’origine. Aurélie, qui en est à sa cinquième expatriation explique que le fait de vivre à l’étranger permet de se rendre compte des atouts indéniables de la France : un système de santé et d’éducation public et fonctionnel, de nombreuses lois sociales, etc. “C’est un paradis en terme de bon vivre” conclut François Cessieux.

Audrey BLANGUERNON  (lepetitjournal.com – Brésil) lundi 29 juillet 2013